Tous les styles à tous les prix: un mantra qui s'applique désormais à la bague de fiançailles. L'incontournable solitaire, l'or rose, la minijoaillerie, un rubis rose ou rouge: reste plus qu'à se décider.
"Le solitaire, c'est comme la petite robe noire: un classique qui ne se démode pas, mais qui vous fait vite ressembler à la voisine", note Pauline Laigneau, directrice marketing du site en ligne Gemmyo. Alors, pour se démarquer, les femmes n'hésitent pas à se tourner vers des pièces soit plus discrètes - la grande vogue de la minijoaillerieleur offrant l'embarras du choix -, soit vers des formes plus originales.
"Les bagues empilables Bee my love ont beaucoup de succès, tout comme notre collection Joséphine inspirée du diadème et de l'aigrette habituellement portés sur la tête", rapporte-t-on chez Chaumet, qui a inauguré, place Vendôme, à Paris, une boutique exclusivement vouée aux amoureux.
A quelques pas de là, Mellerio est l'un des rares joailliers historiques à proposer du véritable sur-mesure. La bague est réalisée dans ses ateliers de la rue de la Paix, à partir de la pierre fournie par le couple ou issue de leurs propres réserves. Pour ceux qui veulent suivre toutes les étapes, du dessin à l'objet final, et être sûr de posséder une pièce unique.
Le temps où la mère emmenait son fils acheter un gros caillou pour sa bru, voire lui transmettait le sien, est (quasiment) révolu. Au grand soulagement de tous. Et la réception où les futurs mariés annonçaient leur union entre deux petits fours a vécu. Mais l'évolution des moeurs n'a pas coupé à la gent féminine l'envie de détenir cette précieuse preuve d'engagement.
"Elle demeure un symbole du couple, une démarche commune", souligne Pauline Laigneau. Et surtout, un beau bijou dont on aurait bien tort de se priver. "Il reste souvent le premier qu'un homme offre à une femme", rappelle Jil Billaudel, directrice artistique de la marque en ligne Edendiam, dont les bagues de fiançailles représentent 50 % des ventes. Les couples gays perpétuent aussi cette tradition, à ceci près qu'ils s'offrent en général chacun une bague, et souvent la même.
Or blanc et diamant, ça, c'était avant. Depuis que les gemmes de couleur reprennent du lustre, ils deviennent un moyen supplémentaire d'affirmer sa personnalité. "L'aigue-marine est la première pierre après le diamant, car les femmes aiment sa clarté", affirme Jil Billaudel.
Puis viennent les gemmes de couleur rose ou rouge, évocations évidentes de la passion ou, plus traditionnel, le saphir bleu, emblème de la pureté des sentiments et de la fidélité, mais aussi des pierres plus inattendues (diamant noir, perle...). Quant à l'or blanc, il est maintenant challengé par l'or rose, qui a le mérite d'être "très doux sur la peau et de ne pas changer de teinte avec le temps", poursuit-elle.
Entre les chaînes de joaillerie à prix ultradoux, les lignes accessibles des grands joailliers et les sites marchands qui se passent d'intermédiaires, de stock (tout est fabriqué à la commande) et de boutique physique, les hommes n'ont plus guère d'excuses pour ne pas faire leur précieuse demande. A condition d'aligner leurs prétentions sur leurs moyens.
"Pour ceux qui tiennent absolument au solitaire, il faut savoir que si l'on remplace, par exemple, le diamant par une aigue-marine, on divise quasiment le prix par trois", conseille Jil Billaudel. Les spécialistes s'accordent à dire que le budget est en moyenne équivalent à un ou deux mois de salaire. Et les hommes ont les chiffres bien en tête.
"Ils ne connaissent jamais la taille du doigt de leur compagne mais savent exactement combien ils désirent mettre pour la bague qu'ils vont lui offrir", plaisante-t-on chez Chaumet. Tout l'art du vendeur consiste alors à proposer des modèles dans le budget annoncé afin de ne pas mettre monsieur dans l'embarras. Une situation de moins en moins fréquente depuis que madame va vérifier les prix sur Internet.
La déception est proportionnelle à l'attente. Dans le cas de la bague de fiançailles, cette implacable équation peut vite faire tourner la demande tant attendue en psychodrame. Heureusement, les temps ont changé.
Aujourd'hui, "les couples ne cherchent plus l'effet de surprise, mais une expérience à vivre ensemble, d'autant que c'est l'un des seuls moments dans les préparatifs où ils seront vraiment tous les deux", indique-t-on chez Chaumet.
"Les futurs mariés sont désormais dans la complicité et le dialogue, confirme Pauline Laigneau. Ils aspirent avant tout à dénicher un modèle qui leur ressemble, qui raconte leur histoire."