La maison Christofle a trouvé la parade au problème d’oxydation de l’argent. Elle vient de mettre au point un système breveté "Silverever" qui retarderait durablement les effets de l’oxydation sur l’argent comme sur le métal argenté. Cette innovation développée dans son usine normande de Yainville (Seine Maritime) a franchi tous les tests avec succès et doit être commercialisée dans le courant du mois. "Il s’agit d’une protection invisible qui résulte de l’expertise en électrolyse et galvanoplastie de la maison, précise Thierry Oriez, le président de Christofle, contrairement aux vernis utilisé jusqu’à présent, ce nouveau procédé ne provoque aucune micro-fissure, ne ternit pas la pièce et obtient des résultats qui se compte en mois voire années". Il est encore difficile pour Christofle de mesurer précisément le temps gagné par cette innovation car "c’est aussi fonction de l’environnement plus ou moins humide dans lequel évoluent les objets". Ce nouveau système non polluant va s’intégrer à toute l’offre de cet orfèvre sauf…les couverts. C’est la seule limite de Silverever: ce traitement ne résiste pas à la haute température des machines à laver. Tous les nouveaux produits fabriqués en usine depuis mi-avril bénéficieront du poinçon Silverever. Et d’ici deux ans, les clients pourront venir en boutique avec leurs plats en argent pour leur faire bénéficier du même procédé.
Christofle qui travaille depuis trois ans sur ce projet a décidé de le proposer sans augmentation de prix alors que cette innovation peut peser jusqu’à 10% du coût de revient d’un produit. Une façon de rester compétitif alors que le marché des arts de la table en France reste difficile. D’après les statistiques du comité Francéclat, qui réunit les professionnels du secteur, l’ensemble du secteur a vu ses ventes plonger de 3,5% sur les douze derniers mois. La dernière étude approfondie de marché d’octobre dernier fait état d’un secteur global qui pèse encore 4,8 milliards de chiffre d’affaires en France mais en recul de 2,5%. L’orfèvrerie voit ses ventes baisser de 4% en France. "C’est un marché qui a longtemps été très dépendant des listes de mariage lesquelles sont en recul depuis quelques années", explique Thierry Oriez. Ce mode de commercialisation pesait 280 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel en 2004, il ne représente plus que 179 millions en 2012.
Christofle, propriété du groupe Chalhoub, du fonds Rolaco et de la banque Suisse Lombard, enregistre un chiffre d’affaires d’environ 80 millions d’euros. Bien conscient que le marché français restera durablement difficile, la maison se tourne depuis quelques années vers l’international. La France reste néanmoins son premier marché mais ne pèse plus que 23% des recettes. Les Etats-Unis et le reste de l’Europe se partagent, à parts égales, 40% du chiffre d’affaires. Le bijou est un autre relais de croissance pour Christofle. La maison s’est concentrée sur une offre accessible autour de 250 à 300 euros en moyenne pour des articles en argent massif. "Nous constatons une vraie montée en puissance de l’argent qui bénéficie d’un effet report du à l’inflation ces dernières années de l’or", note Thierry Oriez. Mais pour l’heure, la diversification de Christofle n’ira pas bien au-delà. Pas question de lancer un parfum, ni d’aller vers la cristallerie. "Il nous reste encore beaucoup à explorer dans nos métiers avant de nous disperser".