Depuis quand la maison Van Cleef & Arpels utilise-t-elle des perles d'or dans ses collections?
La granulation est utilisée chez nous dès 1915. Au départ, c'était un moyen esthétique de souligner le motif de pierres. Au lieu de créer une bordure simple, on l'ourlait de billes minuscules.
A partir de la fin des années 1940, leur utilisation évolue. Après la guerre, la joaillerie se recentre sur le travail de l'or jaune car les pierres précieuses sont moins disponibles et le platine, utilisé à des fins militaires, a complètement disparu. On a envie de couleurs, de bijoux plus joyeux, moins imposants. C'est chez Van Cleef la fameuse ligne Couscous, née en 1948 après un voyage de la famille Arpels au Maroc. Les billes d'or y sont utilisées en tant que telles, en accumulation.
En 1968, les perles d'or prennent encore plus d'importance dans la maison avec le lancement de la collection Alhambra, devenue depuis notre ligne la plus prisée. Les premières pièces sont assez orientales, puis ce sont des motifs floraux, de papillons ou de trèfles qui sont entourés d'un fil de perles d'or, au point de devenir notre principale signature.
La collection Perlée proprement dite est une extrapolation des recherches entreprises sur la collection Alhambra, devenue avec le temps plus abstraite, moins naturaliste. Nous avions envie de retravailler la perle d'or en tant que telle, sur un bracelet ou des créoles par exemple.
Cela fait plaisir de découvrir une collection de jour, pensée pour être portée au quotidien, plus accessible en termes de prix (le prix des bagues démarre à 840 euros).
C'était notre volonté. Si on s'attache uniquement à des pièces exceptionnelles, on perd la pertinence de ce que l'on fait. Déjà dans les années 1950, "La Boutique" était chez nous une collection de bijoux de jour plus accessibles, bien avant l'idée de démocratisation du luxe des années 1980. La nature du métier de bijoutier est de travailler le métal et les pierres, pas d'être exclusif. C'est le fait que les pierres soient devenues de plus en plus chères qui rend les bijoux inaccessibles.
Cela dit, toutes nos pièces même les moins chères sont réalisées en France et restent complètement artisanales. Techniquement, des perles d'or ne peuvent être soudées par des machines. Il faut un véritable savoir-faire, que l'on s'applique à continuer de faire vivre dans nos ateliers de Paris, de Lyon ainsi que dans le Jura.
Les consommateurs sont aujourd'hui particulièrement attentifs à la provenance des matières premières utilisées dans la joaillerie. Quelles garanties éthiques offrez-vous?
Il nous est difficile de communiquer sur ce sujet car il n'existe pas de garantie absolue quant à l'origine des pierres et des métaux. On essaie d'avoir une approche pragmatique et responsable et nos efforts sont constants. On ne travaille qu'avec de l'or recyclé et, concernant les pierres, on remonte toutes les filières d'approvisionnement. On est par ailleurs membres du RJC[Responsible Jewellery Council, le Conseil de la joaillerie responsable, qui a pour mission de certifier les bonnes pratiques des entreprises contribuant à la chaîne d'approvisionnement de l'or ou des diamants, de la mine à la distribution], qui fédère beaucoup d'acteurs de la haute joaillerie.